« Nous observons que l’enjeu principal de la transition écologique rejoint celui de la transition sociétale : en donnant à chacun une place utile et en faisant valoir le droit à l’emploi des chômeurs de longue durée, nous pouvons accélérer la transition écologique », Clémentine Hodeau, Territoires zéro chômeur de longue durée.
La transition écologique s’inscrit dans un enjeu sociétal de taille : le chômage. Le climat a besoin de bras et des millions de Français ont besoin d’un emploi. D’où l’urgence d’inventer une écologie sociale. Nous avons rencontré Clémentine Hodeau, directrice du Fonds d’expérimentation territoriale, l’opérateur de pilotage du projet « Territoires zéro chômeur de longue durée ». Elle nous fait part des actions menées pour faire face au chômage. Elle nous explique en quoi la transition écologique se positionne comme un important levier de création d’emploi.
Le projet « Territoires zéro chômeur de longue durée » a été lancé par ATD Quart Monde, en partenariat avec le Secours catholique, Emmaüs France, Le Pacte civique et la Fédération des acteurs de la solidarité. Son objectif : proposer à toute personne privée durablement d’emploi et qui le souhaite, un emploi à durée indéterminée à temps choisi. Comment ? En développant des activités utiles pour répondre aux besoins des divers acteurs du territoire.
« En France, près de 2,5 millions de personnes sont privées d’emploi depuis plus d’un an, reléguées dans un « non emploi » structurel », Clémentine Hodeau
Deux opérateurs le constituent :
L’expérimentation vise à contribuer à construire une assurance d’emploi. En effet, « en France, près de 2,5 millions de personnes sont privées d’emploi depuis plus d’un an, reléguées dans un « non emploi » structurel. C’est un gaspillage de ressources humaines, source de souffrance individuelle et de gâchis pour la collectivité. Ce n’est ni l’argent, ni le travail, ni les travailleurs qui manquent », nous partage Clémentine Hodeau. Le fonds d’expérimentation territoriale vise donc à utiliser le coût du chômage pour financer le droit à l’emploi.
Ce projet se déploie sur des territoires volontaires, avec des personnes qui s’engagent sur le terrain. Ses 4 phases principales sont :
Quant à la répartition des travaux utiles, presque 50% des activités développées par les entreprises à but d’emploi sont liées à la transition écologique. Le fonds d’expérimentation territoriale a repéré 4 catégories principales dans ce secteur :
« Ces personnes expriment le besoin de se sentir utiles et les métiers verts sont très engageants. Ils leur permettent de trouver du sens à ce qu’ils font. En termes de reconstruction, c’est très positif », Clémentine Hodeau
D’autre part, la cohésion sociale représente 30% des activités utiles. Il peut s’agir d’actions de médiation, de conciergerie senior, ou encore de création de lieux d’échange pour renouer du dialogue. Enfin, les 20% restants sont dédiés au développement économique local.
« En identifiant les travaux utiles au développement des territoires, nous observons une forte proportion d’emplois liés à la transition écologique. À travers les besoins exprimés sur le territoire, nous voyons des opportunités se transformer en emploi », rapporte Clémentine Hodeau. Certes, l’objectif du projet est bien de faire valoir le droit à l’emploi des personnes qui n’en trouvent pas. Néanmoins, « nous observons que l’enjeu de la transition écologique rejoint celui de la transition sociétale. En donnant à chacun une place utile, nous pouvons accélérer la transition écologique », poursuit Clémentine. De plus, elle souligne une appétence forte des personnes sur ces enjeux-là. « Ces personnes expriment le besoin de se sentir utiles et les métiers verts sont très engageants. Il leur permettent de trouver du sens à ce qu’ils font. En termes de reconstruction, c’est très positif ».
« En 2018, les éco-activités ne représentaient que 2,1 % de l’emploi total en France ».
D’autre part, selon l’Institut Rousseau, un laboratoire d’idées attaché à la reconstruction écologique et démocratique de nos sociétés, « la garantie à l’emploi devrait être ciblée sur les emplois nécessaires à la reconstruction écologique et au renforcement du lien social ». Et de poursuivre : « Une première famille d’emplois à développer massivement dans les trente prochaines années concerne les activités qui permettent de nous placer collectivement sur une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2050, c’est-à-dire de parvenir à la fois à diviser par six nos émissions de gaz à effet de serre territoriales, et doubler les capacités d’absorption de carbone du territoire ».
En 2018, les éco-activités ne représentaient que 2,1 % de l’emploi total en France. Elles concernent notamment l’agriculture biologique, la protection de la nature, le recyclage des déchets et le traitement des eaux usées ou encore l’ingénierie des énergies renouvelables.
Par ailleurs, l’Institut indique qu’un certain nombre d’emplois peu qualifiés, ou pouvant découler d’une courte formation, apparaissent indispensables à la prise en charge de la sécurité climatique, de l’exigence de résilience et de la souveraineté alimentaire. Cela concerne des métiers comme apiculteur, fleuriste, garde forestier ou encore réparateur d’objets du quotidien.
En somme, la garantie à l’emploi vert répond à un objectif d’intérêt général : mener la transition écologique en sortant de la société de chômage de masse. Mettre en place une garantie de l’emploi pour les personnes qui en sont privées, dans des activités utiles à la reconstruction écologique permet donc de faire contribuer l’ensemble de la population au bien commun.
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