Learn Assembly Papers a interviewé le réalisateur Martin Meissonnier à l’occasion de la sortie de son documentaire Le Bonheur à l’école, le 27 octobre 2021. Après 4 ans de recherches, il nous livre ses principaux apprentissages sur différentes pédagogies alternatives, visant à la fois l’épanouissement des élèves et l’excellence académique.
« Si beaucoup de personnes sont malheureuses au travail, c’est qu’elles l’ont souvent été aussi à l’école », nous confie Martin Meissonnier. À la fois journaliste, auteur, producteur, réalisateur et compositeur, cet électron libre s’intéresse depuis 10 ans au sujet du travail, auquel il a dédié plusieurs documentaires. Pour lui, « on nous met dès l’école dans des petites boîtes mentales qui restreignent nos univers. Cela fait 45 ans que je travaille. Je constate que les gens sont de plus en plus destinés à des carrières complètement tracées depuis les études. Pourtant, nous vivons dans un monde qui explose au niveau de l’emploi ». Les changements auxquels nous faisons face aujourd’hui obligent les générations actuelles et futures à « être très flexibles » et à changer de travail. « Or c’est le contraire qu’on nous apprend à l’école ».
Martin est donc partie en quête de façons d’apprendre et d’enseigner différentes. Il nous en fait découvrir quelques-unes dans son documentaire. Des pédagogies qui préparent davantage au monde de demain, tout en aidant les jeunes à y trouver leur place et à s’épanouir.
« J’essaie de leur présenter toutes les possibilités d’emploi pour le futur ». Voilà ce que déclare un professeur du collège Pelgulinn à Tallinn, en Estonie. Dès les années 90, le pays a privilégié son développement numérique. Afin d’embarquer le plus tôt possible les jeunes dans cet essor, le système scolaire estonien a mis en place un enseignement très concret, au plus près de l’apprentissage. Selon l’OCDE, 30 ans plus tard, c’est le pays d’Europe où les élèves sont le plus satisfaits de leurs écoles. Il n’ont quasiment pas de décrocheurs. Le rôle des professeurs est alors d’encourager et d’aider les adolescents à découvrir les débouchés des nouvelles technologies.
« Nous tenons à transmettre aux enfants des compétences mais aussi des valeurs », Damian Gsponer, fondateur de la GD-Schule
Dans la Gustav Grammar School, à Tallinn toujours, les élèves deviennent acteurs du système éducatif. Ils peuvent lancer leurs propres projets. C’est le cas de Digigirls, un club d’informatique créé par un groupe de filles qui trouvaient que peu de filles s’intéressaient à ce domaine. L’une de ses membres nous partage son expérience : « ça développe la créativité, il faut imaginer de nouveaux mouvements et trouver des choses que les robots pourraient faire ». C’est en proposant des enjeux bien réels aux élèves que l’expérience scolaire devient alors passionnante.
Mais tout ne repose pas que sur le numérique. D’ailleurs, toutes les écoles estoniennes ont des cours obligatoires de travaux manuels. Il peut s’agir de cuisine, couture, électricité ou encore menuiserie. « Les métiers de l’artisanat sont en train de disparaître. Pourtant, on a vraiment besoin de gens qui ont ces compétences », Mart Almers, professeur de technologie.
Alors que les compétences comportementales, sociales et émotionnelles sont indispensables face à l’évolution des métiers, elles sont rarement développées à l’école. Un collège d’Aire-sur-la-Lys en France y remédie avec le programme « mini-entreprise ». Chaque année, les élèves peuvent postuler pour y participer. Pendant un an, ils gèrent eux-mêmes un projet de A et Z, sur le sujet de leur choix. En 2020, ils ont fabriqué et vendu des badges, des pince-nez et des attache-masque dans le but d’acheter un fauteuil roulant adapté pour le club de tennis de la ville. Pour mener à bien le projet, les élèves doivent se répartir différents rôles comme chargé de communication ou responsable de production. Guidés par les professeurs de technologie, mathématiques et anglais, ils apprennent donc à croiser les disciplines, mener plusieurs missions en même temps et appliquer leurs connaissances de façon concrète, dans un cadre professionnel. De plus, le travail en équipe, une soft skill primordiale pour le monde de l’entreprise, est la clef de voûte du projet.
« Dans mon école, on ne parle pas que des matières, des notes et de nos résultats aux examens, mais on parle aussi avec notre cœur et de la façon dont on contribue à la communauté. »
D’autre part, à la Gustav Grammar School, les élèves ont l’occasion de développer leur leadership. En effet, le directeur informatique est toujours un élève de Terminale, choisi parmi les lycéens. On lui adjoint un élève de Première qui apprend toutes les ficelles du métier pendant un an. Ils se professionnalisent dès le lycée en apprenant à coordonner un projet, résoudre les problèmes administratifs, venir au secours des professeurs en difficulté… « Ils sont intégrés à l’équipe de direction de l’école et, à ce titre, exercent un pouvoir de décision. En plus du salaire qu’on leur verse, ils acquièrent une expérience de directeur informatique dans une grande organisation. Cela leur fait une super ligne sur leur CV ! », explique Henrik Salum, directeur du Gustav Adolfi Gümnaasium.
« Nous tenons à transmettre aux enfants des compétences mais aussi des valeurs ». Ainsi s’exprime Damian Gsponer, fondateur de la GD-Schule à Bratsch en Suisse. Préparer les enfants à l’avenir, c’est aussi les sensibiliser aux enjeux sociétaux de notre monde. Comme le souligne Damian, pour réussir la transformation numérique, « il y a des valeurs à respecter » car dans ce domaine, « le potentiel de faire le bien y est décuplé, mais le potentiel de faire le mal aussi ».
A l’autre bout du monde, à Ahmedabad en Inde, la Riverside School repose sur le principe « I can ». Un slogan où s’exprime la volonté de changer le monde de façon concrète. Pour incarner ce changement, les élèves s’engagent dès la 4ème dans des activités citoyennes. Ils se rendent par exemple chaque samedi à la maison de retraite pour organiser des jeux et discuter avec les personnes âgées, qui attendent avec impatience ce rendez-vous hebdomadaire. « Dans mon école, on ne parle pas que des matières, des notes et de nos résultats aux examens, mais on parle aussi avec notre cœur et de la façon dont on contribue à la communauté. On a un programme qui s’appelle Persévérance. Il y a plusieurs actions et on va dans différents lieux pour y apporter le bonheur », témoigne l’un des élèves.
Dans cette école où l’on évite toute forme de compétition et où les enseignants s’attachent à développer des relations harmonieuses avec les élèves, tout le monde est mis sur un pied d’égalité. Le professeur n’est pas le sachant et l’élève l’ignorant. Les notes n’existent pas. On apprend de tout le monde. Les enfants ont alors développé une autre façon de communiquer entre eux, basée sur l’échange d’idées et le partage de valeurs.
Sans suivre de méthodologies classiques et rigides et en adaptant sans cesse leurs pratiques, ces écoles changent le paradigme de l’éducation. Et pour faire vivre ces initiatives au-delà du documentaire, l’équipe à l’origine de ce dernier a créé la plateforme interactive https://lebonheuralecole.org/fr. Un lieu de partage autour des nouvelles méthodes d’enseignement, destiné aux écoles, enseignants mais aussi aux parents et aux écoliers du monde entier.
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