Faut-il encore faire un bac+5 ?

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SEP-GRIS-EXTRAIT

Insertion professionnelle bac+5 : Learn Assembly Papers vous résume la récente étude du Céreq sur le début de vie active des diplômés de master.

SEP-GRIS-EXTRAIT

Les diplômés de master universitaire ont-ils tous les mêmes débuts de vie active ? Qu’en est-il de l’insertion professionnelle bac+5 ? Nous vous résumons dans cet article le rapport du Céreq consacré à ce sujet.

Article écrit par Antoine Amiel

Insertion professionnelle bac+5 : 85% vs 71% titulaires d’un diplôme de niveau inférieur

85% taux de jeunes diplômés sont embauchés dans les trois mois qui suivent l’obtention du diplôme. Ce chiffre semble indiquer qu’avoir un master reste le meilleur moyen de s’insérer professionnellement et surtout, dans de bonnes conditions (salaire, statut, qualité du travail). Toutefois, on peut aussi s’interroger sur la plus-value réelle de l’insertion professionnelle bac+5 lorsque l’écart avec les titulaires de diplômes de niveau inférieur n’est que de 14%. On peut déduire de cette donnée que les études longues font face à une crise, ou un effet de plateau. 

3 mois en moyenne

C’est le temps passé pour trouver un emploi pour les diplômés de master. C’est peu et c’est une bonne nouvelle. Ce chiffre illustre la tendance vers ce que j’appelle le semi-plein emploi. Expression que je préfère largement au quasi plein emploi (et encore plus au plein-emploi qui est une vue de l’esprit) car elle reflète la diversité des types d’emploi et parfois leur précarité. 

2% en reprise d’étude

C’est le pourcentage de diplômés bac+5 qui, dans les trois ans qui suivent l’obtention de leur diplôme, sont en reprise d’étude. Il serait intéressant d’étudier l’évolution de ce chiffre cinq ans après le diplôme, puis dix ans, pour modéliser les parcours professionnels et identifier quels sont les déclencheurs de besoins en formation continue ou en reconversion. 2% c’est peu, c’est un phénomène mineur mais déjà signal faible. Que des jeunes tout juste diplômés reprennent des études est une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle : bonne, car elle signifie qu’ils ont trouvé leur voie et que la formation professionnelle leur trouve des solutions. Mauvaise, car elle révèle les échecs de notre politique d’orientation.

Insertion professionnelle bac+5 : 50% sont cadres

50% des diplômés bac+5 obtiennent dès leur premier emploi le statut cadre. Faut-il y voir une illustration d’un certain décrochage de la valeur ajoutée du master ? On pourrait imaginer qu’avec un master, 100% ou 70% des jeunes devraient être cadres. Rappelons que 19% des actifs en France sont cadres, ce qui est peu. Si 50% des jeunes le sont immédiatement après leurs études, c’est donc que le diplôme a un réel impact. La question qui se pose est de savoir si les 50% qui ne le sont pas le seront un jour grâce à la formation continue…

2170€ nets

C’est le salaire net mensuel moyen des diplômés bac+5, soit 33 000€ bruts. Le salaire médian des Français étant de 1940€ nets mensuels, les jeunes diplômés se situent directement au-dessus de la médiane. Encore heureux, car si après cinq ans d’études ce n’était pas le cas, il faudrait se poser des questions sur l’insertion professionnelle bac+5.

Ces non-cadres qui gagnent mieux leur vie que certains cadres

Un certain nombre de jeunes diplômés non-cadres gagnent plus que certains cadres, notamment par une surreprésentation des métiers du commerce et réparation automobiles, ainsi que des activités financières ou d’assurance. Métiers mieux payés donc, quel que soit le statut. L’insertion professionnelle bac+5 n’est pas uniquement liée au statut de cadre, mais également à la branche d’activité.

Vive l’adéquationnisme ?

« À mesure que la correspondance entre la spécialité de formation et le poste occupé augmente, la proportion de jeunes empruntant la meilleure trajectoire professionnelle s’accroît », affirme l’étude. Manière de dire que spécialiser les formations en fonction des besoins des entreprises reste le meilleur moyen de garantir l’employabilité. Ou tout simplement que ces jeunes ont trouvé un emploi dans la filière de leurs études parce qu’elle recrute plus…

L’alternance, ça marche

« Toutes choses égales par ailleurs, les étudiants alternants lors de leur dernière année d’études ont 1,4 fois plus de chances d’emprunter la meilleure trajectoire que les non-alternants. ». Les nombreuses critiques de l’apprentissage expliquent que rien ne prouve que l’alternance permette une meilleure insertion et donc des investissements importants. Les récentes discussions sur les coupes budgétaires (baisse de la prime, exonérations de taxe d’apprentissage, baisse des npec) doivent être confrontées à cette réalité : l’alternance, globalement, ça marche.

La hiérarchie des diplômes colle à la peau des jeunes

En effet, les jeunes ayant obtenu un BTS ou un DUT avant leur diplôme national de master ont moins de chances que les autres d’emprunter la meilleure trajectoire d’insertion. Les titulaires d’un DUT, poursuivant souvent en master à l’université à défaut d’avoir pu intégrer une grande école, ont plus de risques d’emprunter la moins bonne trajectoire. On voit donc que la poursuite d’études avec un bac pro puis un DUT en master, ne suffit pas à corriger des inégalités antérieures. Dommage.

Learn Assembly est un cabinet de conseil hybride créé en 2013 qui accompagne la transformation de tous les acteurs de la formation et de l’emploi. Notre mission est de les aider à jouer un rôle stratégique dans leurs organisations pour répondre au défi des compétences, de la transition écologique et de l’intelligence artificielle. Nous accompagnons les directions générales et L&D de grands groupes, les acteurs publics et les établissements d’enseignement supérieur dans leurs évolutions stratégiques.

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