Knowledge Management : comment conserver le savoir des baby-boomers ?

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SEP-GRIS-EXTRAIT

"Disons-le, avec la mondialisation et le départ à la retraite des baby-boomers, la masse de savoir et de savoir-faire des entreprises amenée à disparaître va être tout simplement colossale. L’enjeu-clef est donc le développement d’une culture de la transmission dans les entreprises."

SEP-GRIS-EXTRAIT

Article écrit par Antoine Amiel, CEO LearnAssembly, et initialement publié sur LinkedIn

Un ingénieur-formateur proche de la retraite, amené à voyager aux quatre coins du monde pour former ses pairs, m’a contacté récemment pour savoir comment optimiser sa formation avec le digital. En soi, rien de bien innovant. Ce qui l’est plus c’est le moment ou il m’a dit : « on est trois dans la boite à savoir faire ce que je fais; quand je partirai à la retraite, ce sera un bordel monstre ».

Cet ingénieur constatait un éparpillement et une disparition du savoir-faire de son entreprise. Les raison invoquées : la pyramide des âges, l’éclatement géographique, le recrutement massif de juniors et une absence de culture de la transmission . Toute une génération de baby-boomers s’apprête à quitter le monde du travail : s’est-on préoccupé de la transmission de leur savoir et de leurs expertises ? Que fera-t-on quand l’expert X spécialiste d’une technologie ou procédé chimique installé en Suède sera parti à la retraite ? Que fera-t-on quand des milliers d’ouvriers spécialisés ayant plus de trente ans de métiers s’en iront ?

Contrairement au monde de l’enseignement supérieur dans lequel le savoir est extrêmement formalisé – parfois de manière excessive -, le monde de l’entreprise n’a pas toujours formalisé son savoir. Les collaborateurs ayant de bons réseaux internes se débrouillent, mais cela ressemble plus à du système D qu’à un système de gestion de la connaissance efficace.

L’entreprise moderne bureaucratique a formalisé de nombreux process et mécanismes de contrôle de ses salariés, mais les process de transmission du savoir restent perfectibles. Rares sont les entreprises à avoir une culture de la transmission peer-to-peer, à favoriser la création de contenus pédagogiques produits par des experts, à développer la culture du formateur occasionnel.

De plus, les courants à la mode en pédagogie, comme Le 70-20-10 dont je suis par ailleurs un grand convaincu pour les sujets nécessitant un apprentissage expérientiel, sont à contre-courant.

Disons-le, avec la mondialisation et le départ à la retraite des baby-boomers, la masse de savoir et de savoir-faire des entreprises amenée à disparaître va être tout simplement colossale.

L’enjeu-clef est donc le développement d’une culture de la transmission dans les entreprises. Les projets que nous menons actuellement chez nos clients permettent d’observer les symptômes suivants :

  • la culture de l’auto-formation et de la transmission est insuffisante. La formation métiers est formalisée, obligatoire, surtout dans les métiers ayant des obligations réglementaires ou des enjeux techniques. Cependant elle n’est pas interactive et humaine.
  • les experts et sachants n’ont pas de culture pédagogique. Cela s’explique par le grand classique « l’information c’est le pouvoir »  mais aussi par les mécanismes d’évaluation des salariés. Tant que les entretiens annuels n’incluront pas un volet formation plus poussé, les sachants n’auront aucune incitation à créer des contenus de formation. Pourtant, la formation est un levier de reconnaissance très fort, mais il reste inexploité.
  • le peer-to-peer est à l’opposé des cultures d’entreprise pyramidales actuelles
  • la cartographie des compétences est plus que déficiente. Peu d’entreprises ont des organigrammes et des systèmes de tagging de compétences; l’animation de communautés métiers d’experts est perfectible; le recours au big data pour cartographier des expertises est encore très jeune.
  • la culture du formateur occasionnel est peu développée par les services formation
  • les experts proches de la retraite sont peu accompagnés et valorisés dans leur rôle de mentor.

Quelles sont les solutions à notre disposition ? Le knowledge management existe depuis longtemps; mais il est potentialisé aujourd’hui par le social learning, les réseaux sociaux et plus globalement les usages digitaux, qu’il s’agisse de vidéos pédagogiques, de Moocs ou autres.

De nombreuses entreprises déploient des réseaux sociaux d’entreprise; ces derniers pourraient devenir les réceptacles d’un savoir formalisé, accessible, en permanence évolutif, intégré avec un LMS.

Le digital learning permet de donner la parole à des sachants : de même que les nouveaux outils numériques permettent de créer des sites web sans savoir coder, ils permettent aujourd’hui de créer des contenus de formation sans être formateur professionnel. Les équipes formation sont donc amenées à identifier ces experts, les faire monter en compétences, les outiller puis certifier leurs formations. Ils deviennent animateurs de communautés de formateurs.

Alors, Moocs, digital learning et silver economy sont-ils de nouveaux alliés ?

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