Article initialement publié sur News Tank RH. Antoine Amiel y résume le rapport Igas-Igers sur la qualité de la formation professionnelle qui s’inscrit dans le contexte de l’annonce des groupes de travail sur la qualité de la formation professionnelle lancés par le Haut-Commissariat aux Compétences.
Des contrôles qualité en nombre insuffisant, qui ne permettent pas d’évaluer la qualité pédagogique réelle des structures de formation et une absence de coordination entre acteurs : tels sont les principaux constats du rapport publié fin mai sur la qualité de la formation par l’Igas-Igers.
Je ne crois pas trahir les 319 pages du rapport en ne citant que cette phrase : « Les contrôles sont de nature administrative et ne traitent pas directement de la qualité des formations ».
Ce rapport s’inscrit dans le contexte de l’annonce des groupes de travail sur la qualité de la formation professionnelle lancés par le Haut-Commissariat aux Compétences.
Une analyse de Antoine Amiel, CEO fondateur de Learn Assembly.
Un mot, presque tabou, est enfin lâché : qualité pédagogique. C’est bien la qualité pédagogique qui doit être au cœur de l’évaluation de la qualité, et non la capacité à se mettre en conformité à des normes et leur lots de fichiers excel et de procédures formelles, même si la charge de la preuve est une pratique utile dans la mesure où elle met en mouvement une organisation. Qualiopi, quoi qu’en disent ses détracteurs, a eu le mérite d’aider un nombre conséquent d’organismes de formation – de toutes tailles – à réaliser à quel point ils manquaient de process. Certains organismes ont découvert qu’un besoin urgent de professionnalisation était nécessaire. C’était une première étape. Place maintenant à l’étage 2 de la qualité de la formation : la pédagogie et le pilotage par la data.
Mais comment mesurer la qualité pédagogique, concrètement ? En complément des attestations de présence, des évaluations systématiques des compétences tout au long du parcours seraient utiles. L’approche compétences est aujourd’hui une réalité bureaucratique : elle doit devenir une réalité pédagogique. La généralisation des positionnements de compétences en amont et en aval des modules de formation permettrait de rendre objective la progression. L’organisme de formation serait ainsi évalué sur sa capacité à faire progresser un apprenant, les stagiaires ayant des parcours et des niveaux d’entrée très variés. C’est sur la mesure d’un écart entre un niveau cible et un niveau d’entrée qu’un organisme de formation devrait être évalué. Tel un médecin, le formateur doit faire le bon diagnostic pour proposer le bon traitement.
Pourtant de nombreuses structures de formation freinent l’individualisation des parcours induite par ces positionnements. Comment le leur reprocher ? Tant que le modèle économique de l’heure stagiaire sera le modèle dominant, aucune structure de formation ne sciera la branche sur laquelle elle est assise et adaptera les durées de parcours à une analyse des compétences…
L’enjeu clé de l’utilisation de la data
La data est le second pilier permettant de professionnaliser la qualité de la formation. Si la culture data du secteur a indéniablement progressé, il reste beaucoup à faire. L’analyse des différentes bases de données emploi-formation donne des maux de crânes à tous les data analysts. Absence de consolidation entre acteurs (Les régions et l’État sont-ils les Abel et Caïn de la formation professionnelle ?), absence de tables de correspondance, données parcellaires voire fausses (comme les données déclaratives du BPF qui sont d’une fiabilité proche de 0) ou disponibles uniquement sur certains dispositifs, absence de base de données consolidée sur l’insertion, la taille des effectifs formés etc…. Quant aux observatoires de branches dont la richesse est indéniable, ils sont rarement exploitables, faute de publication des données sources.
Un chantier data pour la filière
Un véritable chantier data serait utile à toute la filière : il permettrait plus de transparence, plus d’impartialité et donc de confiance des parties prenantes. À commencer par les apprenants ou les parents d’élèves paniqués dans la jungle de l’offre. Suppression des remontées de données déclaratives, uniformisation des définitions entre acteurs du marché (taux de complétion, taux d’insertion, taux d’accès à la formation), création de tableaux de bord en open data, mise à disposition de bases de données unifiées des codes ROME aux titres RNCP etc…. Des actions techniquement simples dont l’impact serait énorme.
Et la simplification administrative ?
Enfin, alors qu’une loi sur la simplification administrative est votée actuellement, on ne peut que regretter que le monde de la formation n’ait pas sauté sur l’occasion. Les sénateurs auraient probablement été stupéfaits de la lourdeur administrative de la filière si le sujet était arrivé jusqu’à eux. Malheureusement, les professionnels de la formation n’ont pas de lait à renverser devant les préfectures ni d’autoroutes à bloquer. La formation professionnelle pourrait être un cas d’école de la simplification. Hélas il rapporte peu d’électeurs.
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