Grande démission et petits raccourcis

SEP-GRIS-EXTRAIT

La France vit-elle aussi, à l’image de ses voisins occidentaux, une grande démission ? Avec un taux de démission de 2,7% en 2022, la question est légitime. Antoine Amiel, CEO de Learn Assembly, se penche sur le phénomène dans l’Hexagone.

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Si Harry Styles remporte cette année le prestigieux concours du meilleur tube de l’été 2022, un autre tube défraie la chronique : la tension du marché du travail. Ce n’est pas un scoop, les entreprises se plaignent de ne pas arriver à recruter. Elles invoquent pêle-mêle la pénurie de candidats, le manque de compétences, une mentalité de consommateur chez les candidats ou encore le phénomène du ghosting. Pourtant, l’écoute des candidats et l’analyse des statistiques de l’emploi révèlent une réalité plus nuancée.

Comme le montrent les chiffres de la DARES, le taux de démission en France en 2022 est de 2,7%. C’est le plus haut score depuis 2008. Si ce chiffre est incontestablement élevé, il ne s’agit pas pour autant d’une explosion. 

L’impact du Covid-19

L’augmentation des démissions est en grande partie due à un phénomène de rattrapage suite à l’année Covid. Année où ce même taux de démission dépassait tout juste les 1,3%. Si on analyse le taux de démission sur trois ans, le chiffre est quasiment stable.

Le phénomène sous-jacent à l’attentisme en période de crise est même décrit par Ernest Becker dans « Le déni de la mort » en 1973. Il lui attribue le nom un peu anxiogène de « Terror management theory ». Non, ce livre n’est pas le guide pratique du management par la terreur. La théorie fait référence au déni de la mort et aux réactions humaines face à cette angoisse. En période de crise sanitaire, les angoisses existentielles sont plus fortes. Elles amènent les individus à s’interroger sur le sens de leur vie. Concrètement, cette angoisse se traduit notamment par un report de décisions importantes (comme changer de travail) et le repli sur soi (comme regarder beaucoup de séries).

Des licenciements passés sous silence

Mais la démission n’explique pas à elle seule les tensions du marché du travail. Passé l’effet rattrapage, quels autres facteurs les justifient ? Un autre élément de réponse est étonnamment peu abordé : les licenciements. Malgré le flot d’argent public, de nombreuses entreprises ont licencié ou négocié des ruptures conventionnelles collectives – parfois pour ré-embaucher dès la reprise avec un succès très mitigé. Comme le relève Bruno Coquet, « les licenciements non-économiques enregistrés au cours des 4 derniers trimestres sont supérieurs de 10,8% à leur niveau moyen de 2019 ». Le chiffre se passe de commentaires. Les salariés victimes de licenciements ont ensuite bénéficié des actions de formation professionnelle (plus 800 000 demandeurs d’emploi formés par an en moyenne selon Pôle Emploi) et de possibilités de reconversion accrues vers d’autres secteurs. 

L’évolution des modes de travail 

Derniers éléments d’analyse, le télétravail et le développement du freelancing. Nombreuses sont les entreprises qui clament haut et fort qu’elles ont basculé massivement vers le télétravail. Combien d’entre elles l’ont fait avec enthousiasme ? Combien sont allées jusqu’au travail 100% à distance qui correspond à une envie de plus en plus forte ? Les chiffres de l’immobilier de bureaux parlent d’eux-mêmes : le bon vieux bureau a de beaux jours devant lui, même « flex-offisé. »

Côté freelance et malgré la violence de la crise, la tendance à la hausse est structurelle. Les freelances ayant souvent des profils très diplômés, une forte employabilité et une incitation évidente à l’entretenir, le risque est réel pour les entreprises cherchant à recruter en CDI. 

Comme c’est trop souvent le cas, les slogans réducteurs sur le travail se résument à une idée principale. « Les gens sont fainéants et ne veulent pas bosser. » Ne serait-ce pas plutôt une révolte silencieuse du travail, un décrochage de modèles de travail à bout de souffle ? 


Learn Assembly est une learning compagnie dont la mission est d’aider les entreprises à développer l’employabilité de leurs salariés, de manière saine et durable. Architecte et bâtisseur d’expériences apprenantes, nous designons des solutions innovantes de learning pour plus de 200 clients. Learn Assembly c’est aussi Learning Boost, la première solution d’auto-positionnement entièrement personnalisable.

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