Les start-ups EdTech sont-elles les vainqueurs du confinement ?

Les start-ups EdTech sont-elles les vainqueurs du confinement

Rentrée 2020 et bilan post-confinement : qu'est-ce qu'il se cache derrière les annonces triomphales des start-ups ?

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En cette période de post-confinement, nous tirons peu à peu les apprentissages de ces derniers mois. Alors que la filière EdTech se développe pendant la crise sanitaire, la formation présentielle souffre de plus en plus. Derrière les effets d’annonce, dans quelle réalité se trouve aujourd’hui du monde des compétences ? Nous avons interrogé plusieurs acteurs du secteur de la formation pour dresser un panorama de la situation.  

La montée en puissance de la filière EdTech 

Le digital semble s’être plus développé en un an qu’en dix ans. Mais derrière les annonces triomphales des start-ups, la situation est plus mitigée. L’enquête de l’association EdTech France et EY Parthenon révèle certaines réalités de la montée en puissance de la filière EdTech. Elle représente aujourd’hui en France 650 millions d’euros de chiffre d’affaires et 7000 emplois directs. Il s’agit d’un marché majoritairement B2B et dominé par la formation professionnelle (63%), devant l’enseignement supérieur et scolaire.

Clément Meslin, co-fondateur et CEO de la start-up Edflex, ne cache pas avoir bénéficié de ce contexte. Ce dernier a en effet permis l’accélération de la croissance de son entreprise. “Nous défendions depuis plusieurs années le fait de penser différemment la formation dans les entreprises en proposant aux directions formation l’ouverture à des contenus externes (vidéos YouTube, conférences, podcasts, MOOC…) qui permettent de réduire les coûts de création sur certains sujets. Et c’est durant cette crise que de nombreuses entreprises ont pris la mesure d’avoir un outil de curation des meilleurs contenus du web.” 

Tout comme Edflex, Unow a “rapidement réalisé que la période était en train de devenir favorable à la formation en ligne.” Pierre Monclos, DRH de cet organisme de formation distancielle, nous fait part de son expérience. “L’accessibilité de la formation n’était possible que via le digital, et dès le mois d’avril, plutôt calme les autres années, nous avons reçu beaucoup de demandes d’entreprises”.  

Comment les start-ups ont-elles répondu aux besoins des entreprises ?

Comme nous avons pu le constater chez Learn Assembly, les entreprises ont vite ressenti le besoin urgent de digitaliser leur offre de formation et de l’adapter au format distanciel. Pour ce faire, nous avons avons développé notre offre de formation de formateurs. Nous avons également animé 70 heures de classes virtuelles entre mars et septembre pour nos différents clients. De plus, nous proposons pour chacun de nos parcours une version gratuite. Celle du Tatami a rencontré un franc succès, en attirant plus de 1300 inscrits formés au Digital Learning cette année. Aussi, nous avons créé deux guides gratuits pour aider les formateurs et les apprenants à naviguer dans le flot des multiples outils, ressources et pratiques de formation qui sont apparus en quelques mois. Ainsi avons-nous publié dès le mois d’avril un kit de survie pour les formateurs et un autre pour les apprenants

Edflex, pour sa part, a identifié que ses clients ont eu besoin de “contenus de formation sur le télétravail, le management à distance mais aussi des sujets transverses car leurs salariés avaient – pour certains – plus de temps pour se former.” Ils ont donc créé un catalogue de ressources dédiées avec des vidéos, des podcasts ou encore des MOOC. De plus, la start-up a accompagné d’autres entreprises qui n’avaient rien en digital learning. Ils ont proposé leur base de 40 000 ressources qualifiées dans plus de 100 domaines aux entreprises qui les sollicitaient.

Nous avons également interrogé la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP). Certes, ce n’est certes pas une start-up, mais elle rassemble l’ensemble des acteurs contribuant au développement de la compétence professionnelle. La première mesure qu’elle a prise a été de mettre à la disposition de ses adhérents un kit de solutions clés en main pour basculer en distanciel toutes les formations prévues en présentiel.

Quel impact la crise a-t-elle eu sur les modèles des start-ups de la EdTech ? 

Pour Edflex, la crise n’a pas changé le business model mais elle s’est révélée être un véritable boosteur de projets. Clément Meslin témoigne. “Avec près de 150% de croissance du CA au 2ème trimestre (par rapport à 2019), je pense que nous faisons partie des gagnants de cette crise”.

Même topo positif pour Unow, qui a vu son chiffre d’affaire tripler au 2ème trimestre, par rapport à l’année dernière. Si leur business model n’a pas été impacté, leur offre a évolué. Pierre Monclos précise : “face aux nombreuses demandes, nous avons identifié des nouveaux enjeux de personnalisation / adaptation de notre format. Nous avons donc élargi les possibilités d’adapter nos SPOC, en aménageant le parcours de formation et/ou le niveau d’accompagnement de chaque participant.” Par ailleurs, Unow développe une nouvelle gamme de formation sur le travail à distance.

Le présentiel en danger 

D’autre part, cette situation a confirmé des tendances moins positives pour d’autres acteurs de la formation. Les organismes de formation à destination du monde de l’entreprise ont beaucoup souffert de cette crise. Selon Olivier Poncelet, Délégué Général de la FFP, plus de 70% de l’activité du secteur de la formation s’est retrouvé à l’arrêt pendant la période de confinement. « Nous anticipons une baisse du chiffre d’affaire à -20% du secteur en 2020 par rapport à 2019. »

Pour le CEO de Edflex, les organismes de formation qui ne sauront pas se réinventer sont en danger. “En très grande difficulté cette année, le milieu n’a pour moi pas du tout vocation à disparaître mais il doit voir cette crise comme une incitation à se transformer.” En effet, poursuit-il, “pourquoi continuer de payer 3 jours de formation présentielle en bureautique à un collaborateur alors qu’une journée accompagnée de contenus de qualités issus du web suffisent désormais ? Le monde change et la formation doit elle aussi se transformer. Je pense que la crise sanitaire nous a fait gagner une décennie dans les pratiques.”

Olivier Poncelet renchérit. “La crise a accéléré les transformations déjà en cours au sein de la filière. Tant dans l’organisation des acteurs, que dans leur offre de services. Les attentes des bénéficiaires ont évolué aussi.” La FFP avait déjà commencé à décrypter ces transformations. Nous pouvons le constater dans une étude réalisée avec le cabinet FaberNovel en 2019 : Les impacts du numérique sur les modèles économiques de la formation professionnelle.

Pour Pierre Monclos, “le secteur du présentiel souffre énormément et nous sommes convaincus que des organismes de formation présentiels, de toutes tailles, vont avoir du mal à faire face à cette vague de digitalisation de la formation.” Mais il observe également d’autres acteurs en difficulté. “Côté technologies, les serious game continuent leur déclin et restent très peu utilisés par rapport aux années 2000. Et la réalité virtuelle, que beaucoup avaient annoncé comme le futur de la formation, reste une technologie pertinente mais de niche, ne convenant qu’à certains projets précis de formation peu représentatifs des besoins du marché aujourd’hui.”

N’oublions pas les cabinets de conseil qui organisent des séminaires et formations. Avec une activité principalement fondée sur du présentiel, l’enjeu est de savoir comment se transformer et vers quoi se diriger.

En conclusion

Les start-ups EdTech ont su imposer leur stratégie et leur vision dans un contexte incertain. De plus, de nombreuses subventions qui ont vu le jour pendant la crise ont créé un appel d’air pour la formation à distance. Ces acteurs vont-ils cependant réussir à rester les grands gagnants de cette crise ? 

En outre, la nécessité de transformation des entreprises de formation traditionnelles était déjà tangible depuis plusieurs années. Mais la crise du COVID-19 a accéléré cette tendance. Les organismes de formation en danger survivront-elles ces transformations ? Le distanciel n’est pas prêt de disparaître, mais il est voué à évoluer. 

Les plateformes de digital learning et formation distancielle vont-elles garder le vent en poupe ? Va-t’il y avoir une orientation complète des modalités pédagogiques vers le distanciel ? Ou va-t-on basculer vers d’autres formes de numérique qui vont faire naître de nouveaux enjeux et acteurs ? 


Learn Assembly est une learning compagnie dont la mission est d’aider les entreprises à développer l’employabilité de leurs salariés, de manière saine et durable. Architecte et bâtisseur d’expériences apprenantes, nous designons des solutions innovantes de learning pour plus de 200 clients. Learn Assembly c’est aussi Learning Boost, la première solution d’auto-positionnement entièrement personnalisable.

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