Peer-to-peer learning : une expérience apprenante avec l’Université Paris Dauphine

SEP-GRIS-EXTRAIT

L’Université Paris Dauphine et Learn Assembly ont participé ensemble à un projet dans le cadre de la seconde édition des Trophées franciliens de l’innovation numérique dans le supérieur, lancée par la région Ile-de-France. Il consistait à développer une solution pédagogique reposant sur des logiques de jeu et de peer-to-peer.

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Ce dispositif devait être pensé de manière à être réplicable et transférable d’abord à d’autres enseignants au sein de l’Université, puis à d’autres acteurs de l’enseignement supérieur. Sa base : l’apprentissage entre pairs. Learn Assembly a accompagné l’équipe pédagogique du projet pour co-construire une méthodologie peer-to-peer, le déroulé du programme et son guide d’animation. Nous avons également donné des recommandations sur les choix technologiques pour outiller la démarche entre pairs. Nous vous faisons part dans cet article des observations et réactions des professeurs ainsi que des étudiants lors de la mise en place et du déploiement du dispositif. Le dispositif a d’abord été expérimenté dans le cadre de deux enseignements pilotes : un cours de gestion des ressources humaines en Licence 3 et un cours de management des systèmes d’information en Master 1.

Retours d’expérience

Learn Assembly Papers a interviewé 3 membres de l’Université Paris Dauphine qui ont participé à la direction et à la mise en place du projet Peer-to-peer Learning. 

Pour ce projet, nous avons adopté une méthodologie orientée apprenant afin de créer une véritable expérience. Nous avons notamment interrogé deux groupes d’étudiants puis co-construit avec les enseignants les grands temps de la pédagogie entre pairs. Ces derniers se sont ensuite approprié le dispositif et l’ont décliné en fonction de leurs objectifs pédagogiques, dans leur cours respectif. 

Les retours sont globalement très positifs. Pour Pierre Laniray, co-responsable du Master in Business Consulting & Digital Organizations, les étudiants ont beaucoup apprécié les cours qui ont intégré ce format. Pour sa part, David Abonneau, Maître de conférences en gestion, nous donne l’exemple d’un de ses élèves qui se destine à une spécialisation en finance qui lui a avoué avoir compris à quoi servaient les ressources humaines grâce à ce cours.  

La mise en situation

Les différentes étapes et la structure du dispositif ont permis aux étudiants de plonger dans le contexte professionnel et d’être mis en situation réelle :

  • Apprentissage en mode projet dans une approche compétence : les deux enseignants ont imaginé un cas d’entreprise dans lequel les étudiants avaient une posture de conseil et devaient produire des livrables 
  • Apprentissage entre pairs : les étudiants devaient ensuite chercher des informations pour construire le cours et trouver les ressources utiles pour la production de leurs livrables
  • Evaluation : les livrables ont ensuite été évalués de façon individuelle entre pairs 
  • Retour des professeurs : les temps synchrones avec les enseignants (en présentiel ou distanciel) ne constituaient pas à une approche descendante de transfert de connaissances mais des retours sur leurs livrables, des temps d’échanges et de réponses à leurs interrogations ou difficultés

Cette mise en situation a bien fonctionné. En effet, les étudiants apprennent finalement à mener un mini-mission de conseil. Ils sont même évalués, pour le cours de Management des Systèmes d’Informations, par des consultants en poste. Selon Eloïse Capet, Directrice Adjointe Innovations et transformations pédagogiques, cette solution pédagogique a permis aux étudiants de se projeter dans une situation authentique et de mieux retenir les concepts théoriques car ils ont été amenés à faire eux-mêmes les recherches. 

David Abonneau a eu des retours très positifs de la part des étudiants concernant la scénarisation et la pédagogie active. En général, ils ont aimé l’aspect concret, opérationnel et l’approche compétences.

L’évaluation entre pairs

Quant à l’évaluation entre pairs, les trois experts ont soulevé un problème de légitimité de la part des étudiants qui ne se sentent pas toujours à leur place pour juger le travail de leurs pairs. Il s’agit presque plus d’un travail de réflexivité sur son propre rendu. L’idée est d’être davantage dans une logique d’esprit critique que d’évaluation. Pour Pierre, l’évaluation peut être plus intéressante pour la personne qui l’écrit que pour celle qui la reçoit. Il a déjà réfléchi à comment améliorer ce point pour les années à venir : Plutôt que de leur dire d’évaluer le travail de quelqu’un d’autre, je vais leur demander en quoi ils pensent que ce travail est meilleur ou moins bon que le leur. Je vais aussi renforcer la scénarisation, pour qu’ils se sentent vraiment dans la peau consultant. L’objectif est de les faire sortir d’un cadre purement scolaire.” 

Eloïse ajoute que les étudiants n’ont pas toujours bien compris la démarche et ont parfois eu l’impression que les enseignants leur délèguent la mission de l’évaluation. De plus, elle a observé une peur de la note de la part des étudiants, qui ont contourné les outils pour se faire du feedback et ont donné la priorité aux livrables plutôt qu’à la notation. 

De son côté, David a observé une tendance forte à la sur-notation, ce qui n’a pas toujours été facile à gérer en tant qu’enseignant. Aussi, l’anonymat complet dans la co-évaluation a parfois provoqué une frustration de la part des étudiants qui n’ont pas pu confronter leur évaluateur. Pour l’année prochaine, David va donc garder la co-évaluation, mais au sein de groupes de travaux dirigés dans lesquels les étudiants pourront ensuite discuter de la notation entre eux. Ils pourront ainsi justifier leur note, ce qui, par la même occasion, les responsabilisera dans leur rôle d’évaluateur. 

Posture de l’enseignant

Sur sa posture d’enseignant, Pierre a pris beaucoup de plaisir à animer un cours comme celui-ci : “Cette modalité pédagogique m’a contraint à repenser avec encore plus de rigueur la structuration de mon cours et à détailler mes objectifs pédagogiques. Par ailleurs, je trouve beaucoup plus intéressants les moments d’interaction et de discussion avec les étudiants, plutôt que les monologues “descendants”. Au vu du résultat, j’envisage de développer ce type de formats pédagogiques dans la plupart de mes cours, même les plus “académiques.

David, lui, a “adoré l’expérience pédagogique avec la scénarisation, les modalités à mettre en place pour faire les choses différemment. C’est bien d’utiliser ce dispositif dans un panel de cours. Cela les prépare à d’autres modes de travail, notamment pour le master. J’en sors très satisfait en termes d’effort intellectuel”. 

Les grandes leçons à retenir

  • Plus un cours est structuré, mieux c’est. L’impact sur les étudiants est plus fort
  • Les étudiants sont rassurés par le fait d’avoir des choses formalisées
  • La mise en situation marche bien

Pistes d’amélioration

  • Travail de groupe : David explique que cet élément constituait pour lui un objectif important qui a été compliqué à atteindre. Le contexte actuel fait que les étudiants sont maintenant davantage familiarisés avec les outils distanciels. Cependant ,il se demande pour l’avenir comment utiliser des outils qui permettent de faire, de mener à bien des missions et pas simplement d’être en réunions, même à distance. Pour des conseils et outils adaptés à la formation et l’enseignement à distance, nous vous conseillons de regarder notre kit de survie pour les formateurs.
  • Feedback : le réguler et mieux l’organiser pour qu’il soit moins lourd pour les enseignants comme pour les étudiants 
  • Modalité d’évaluation : gestion de l’interaction entre étudiants sur les retours sur évaluation
  • Rôle du professeur : le revaloriser et générer une rencontre entre l’évaluateur et l’évalué 

Learn Assembly est une learning compagnie dont la mission est d’aider les entreprises à développer l’employabilité de leurs salariés, de manière saine et durable. Architecte et bâtisseur d’expériences apprenantes, nous designons des solutions innovantes de learning pour plus de 200 clients. Learn Assembly c’est aussi Learning Boost, la première solution d’auto-positionnement entièrement personnalisable.


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