Moderniser les organismes de formation, pour quoi faire ? Olivier Gaudin, Directeur de l’emploi et de la formation de la Région Bretagne nous partage sa vision sur l’importance d’hybrider et de digitaliser les OF.
Concrètement, ça veut dire quoi, moderniser les organismes de formation (OF) ? Pourquoi c’est important ? Comment s’assurer qu’ils ont toutes les clés pour continuer à former en toutes circonstances ?
La Région Bretagne a lancé en 2021 un appel à projet visant à accompagner les organismes de formation dans la transformation digitale. Pour mieux comprendre les enjeux d’un tel projet, Learn Assembly, qui est l’un des partenaires retenus pour la mise en place et à l’accompagnement de cette transition, a interviewé Olivier Gaudin, Directeur de l’emploi et de la formation pour la Région Bretagne. Retrouvez ses réponses à nos questions dans cet article.
Pour en savoir plus sur le projet, rendez-vous ici.
Pour moi et pour la collectivité, moderniser les OF, c’est les accompagner au mieux dans un contexte évolutif et en prenant en compte leurs problématiques. La réforme de 2018 [1]Mise en œuvre de la loi « Avenir professionnel », l’accélération des transitions numérique et écologique, la transformation sociale… Autant de changements qui impactent fortement les OF. D’autre part, les usages des apprenants et les modèles économiques de la formation évoluent. Nous devons alors les aider à faire évoluer leurs pratiques et à être en phase avec ces évolutions pour qu’ils développent des formations de qualité, qui correspondent à ce nouveau paysage.
Actuellement, ce qui intéresse les publics prioritaires [2]Demandeurs d’emplois, personnes très éloignées de l’emploi, personnes en reconversion pour lesquels nous finançons de la formation, c’est :
Nous devons donc accompagner les OF à proposer des formats et contenus qui répondent à ces nouvelles aspirations.
La digitalisation permet de booster l’hybridation de la formation. Les outils digitaux doivent être au service de l’apprentissage. Ils permettent de rénover les pratiques pédagogiques et ainsi d’accélérer l’acquisition de compétences.
Si le secteur de la formation évolue dans ses pratiques, en Bretagne, nous avons plusieurs typologies d’organismes de formations, des opérateurs de formation historiques et traditionnels. Des OF ont notamment été créés pour accompagner spécifiquement les publics éloignés de l’emploi. Leur existence est primordiale. Peut-être certains d’entre eux ont besoin de mieux prendre en compte l’évolution des pratiques pédagogiques ou les transitions en cours pour gagner en efficacité.
C’est pour cela que nous menons un dialogue politique avec les fédérations des organismes de formation. Notre objectif est d’accélérer leur modernisation et de les accompagner dans cette prise de conscience.
Tout d’abord, nous jouons un rôle dans la commande publique. En réalisant 80% de nos achats sur les marchés publics, nous envoyons un signe fort d’engagement pour le développement de la formation en Bretagne. Ensuite, nous incitons les OF à développer leur posture partenariale au sein de leurs écosystèmes.
D’autre part, en tant que Région, l’un de nos enjeux est d’accompagner et d’animer la communauté des acteurs de la formation. Pas seulement les OF, mais également les entreprises de la EdTech, fortement soutenues par la Bretagne, ou encore les fédérations des employeurs.
Je ne sais pas si nous sommes plus investis. Ce qui est sûr, c’est que le PIC [3]Plan d’investissement dans les compétences nous a challengé et qu’historiquement, la Bretagne a une forte capacité à créer et animer des partenariats, de la coopération entre les acteurs. Cet état d’esprit guide notre manière de travailler. Au fil des ans, nous avons développé une logique d’impulsion par les communautés, la co-construction de l’aller vers pour faire de la Bretagne un territoire apprenant.
Par ailleurs, le développement territorial est un pilier de la politique publique bretonne. Aussi, la stratégie de montée en compétences se doit d’être reliée à des besoins et des enjeux socio-économiques. Ce qui nous amène à avoir un maillage territorial important pour faciliter et favoriser la formation. Nous avons des collègues dédiés sur les différents territoires bretons.
Nous échangeons également beaucoup avec d’autres régions inspirantes, comme Centre-Val de Loire qui a mis beaucoup d’initiatives en place pour moderniser l’offre de formation.
Enfin, être une petite région est pour moi un atout, car la coopération est plus rapide à mettre en place.
C’est un peu comme le vin, le processus est long et il faut trouver le bon équilibre : c’est une expertise qui s’acquiert au cours des années… Nous prenons en compte les tendances d’évolution des métiers et des compétences. Pour nous, les achats liés à la formation représentent un investissement sur 4 ans. Nous devons donc nous assurer que les secteurs dans lesquels nous investissons permettent aux personnes que nous formons d’être durablement dans l’emploi.
Nous devons également répondre aux besoins des secteurs économiques. Pour cela, nous menons une approche territoriale et infrarégionale en faisant de la prospective sur les métiers en devenir. Nous adaptons ensuite notre commande publique en fonction.
Aujourd’hui, il y a une nécessité de faire évoluer les modalités de formation vers du distanciel et de l’hybride pour attirer les publics auxquels nous nous adressons déjà ou pas encore.
D’autre part, nous nous associons avec des tiers-lieux pour faciliter l’accès à la formation ainsi que son hybridation. Cet été, nous lançons Définnov, un fonds d’investissement dédié au développement de technologies duales et transversales. Il servira notamment à financer les tiers-lieux apprenants, où les stagiaires bénéficieront d’accompagnants, d’animateurs et de conseils pour suivre leur formation dans un endroit sécurisé.
Ce que nous voulons, c’est impulser une démarche autour de la digitalisation. Nous n’avons pas la prétention de révolutionner une pratique au sein d’un OF, mais plutôt d’inculquer aux équipes de direction et de formation des méthodes pour repenser le dispositif de formation. Nous leur donnons les clés, à eux de mettre en œuvre les actions.
L’une des priorités est d’accompagner les organismes de formation sur le sujet de la transition environnementale, notamment sur l’éco-conception des parcours. En effet, les enjeux écologiques impactent fortement l’ingénierie de formation, qu’il faut aujourd’hui repenser. Mais comment développer les bonnes compétences ? Quels sont les besoins en termes de ressources humaines ? Comment réorganiser sa structure ? Autant de questions auxquelles les OF doivent répondre. En tant que Région, nous devons participer à la sensibilisation des opérateurs sur les enjeux de cette transition et les conséquences d’un refus de s’y confronter.
D’autre part, il est intéressant de se pencher sur les nouveaux publics et usages de la formation. Explorer les évolutions, se demander comment encourager davantage de personnes à se former. Nous poussons notamment les OF à développer de nouvelles pratiques et à aller vers d’autres types de partenaires.
Learn Assembly est une learning compagnie dont la mission est d’aider les entreprises à développer l’employabilité de leurs salariés, de manière saine et durable. Architecte et bâtisseur d’expériences apprenantes, nous designons des solutions innovantes de learning pour plus de 200 clients. Learn Assembly c’est aussi Learning Boost, la première solution d’auto-positionnement entièrement personnalisable.
References
↑1 | Mise en œuvre de la loi « Avenir professionnel » |
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↑2 | Demandeurs d’emplois, personnes très éloignées de l’emploi, personnes en reconversion |
↑3 | Plan d’investissement dans les compétences |
↑4 | Voir plus de détails sur le catalogue Qualif Emploi et Prépa projet |