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Mobilité professionnelle
La mobilité est loin d'être sans couture. Elle a même quelques fils à la patte. Inégalités hommes-femmes, biais cognitifs, méconnaissance des métiers, difficulté à valoriser ses compétences, croyances limitantes sur sa capacité à apprendre, héritage d'une orientation déficiente : sur le papier, tout est possible, dans la réalité c'est dur.
EDITO
Antoine Amiel
CEO Learn Assembly
Lancer un dossier sur les mobilités et la reconversion en plein mouvement de grèves des transports est un drôle de hasard de calendrier.
Lancer un dossier sur les mobilités et la reconversion en plein mouvement de grèves des transports est un drôle de hasard de calendrier. (NDLR : cet édito a été écrit par une journée de manif, entre les sirènes de la police nationale, les explosions de flash-balls et les chants cégétistes à la bonne odeur de merguez).
A l'image des transports en commun, la mobilité professionnelle est loin d'être sans couture, fluide et désengorgée. Les cyclistes rêvent de pistes cyclables sans camions de livraisons garées dessus. Les automobilistes rêvent de rues larges et sans feu tous les dix mètres. Les piétons rêvent de dominer le monde et d'avoir toutes les rues pour eux. Le vivre ensemble, en quelques sorte...
En mobilité professionnelle, c'est un peu pareil : les entreprises rêvent que leurs salariés se forment tout seuls et deviennent ultra compétents par la magie du digital learning et se plaignent de ne pas trouver les talents dont elles ont besoin. Les salariés aimeraient pouvoir valoriser leurs compétences et changer plus facilement d'univers. L'Etat aimerait que tous les citoyens activent leur CPF et se forment. Le vivre ensemble, en quelque sorte...
Tandis qu'une partie de la France se bat pour ses retraites, la seule certitude de cette réforme dont rien n'est certain est la suivante : il va falloir travailler plus longtemps, et probablement en faisant plusieurs métiers.
Rêvons un peu : dans le monde idéal de la mobilité, vous prenez le TGV de l'entreprise qui vous fait traverser la France et vous garantit une ascension sociale confortable. Grâce à votre application magique de lifelong learning, vous avez bien sur réservé un vélo en libre service qui vous attend à la sortie de la gare et vous permettra de terminer votre parcours professionnel. Arrivé à destination, votre entreprise paiera sans contact le voyage et vous garantira une employabilité fluide. Mais ce n'est pas pour tout de suite, en témoigne les heures de bouchons, les saccages de vélos et les rangements anarchiques de trottinettes sans gêne. La mobilité professionnelle, c'est un peu comme l'égalité : certains sont un peu plus égaux que d'autres.
La mobilité est loin d'être sans couture. Elle a même quelques fils à la patte. Inégalités hommes-femmes, biais cognitifs, méconnaissance des métiers, difficulté à valoriser ses compétences, croyances limitantes sur sa capacité à apprendre, héritage d'une orientation déficiente : sur le papier, tout est possible, dans la réalité c'est dur. Tels des architectes ou des urbanistes, nous pensons des systèmes de mobilité magiques, ou toutes les pratiques coexisteront ensemble en paix et en harmonie. Et on se retrouve avec des bouchons, des incompréhensions et de la pollution.
Pour vous aider à y voir plus clair et cultiver votre optimisme, nous vous proposons un dossier spécial mobilités et reconversion. Des interviews de Marie-Caroline Missir de Digischool et Laetitia Vitaud à celle de Francesca Aceto de SNCF au Féminin, de notre tribune sur les jeunes vieux à celle sur les soft skills, du développement de la mobilité chez Suez aux enjeux de la mobilité féminine, des start-up de la HR Tech aux influenceurs sur l'orientation sans oublier notre livre blanc sur la réorientation et la reconversion : voici de quoi nourrir la réflexion de votre entreprise -et la vôtre - sur les enjeux de la mobilité.
Bonne lecture !
P.S : la rédaction de LA Papers ne pourra être tenue responsable en cas d'accident survenu lors de la lecture de l'un de nos articles en trottinette ou en voiture.