Ce billet s'appuie sur l’épisode du podcast Perspectives IA produit par le MEDEF, qui recevait en juillet 2025 Antoine Amiel, CEO de Learn Assembly, pour discuter de l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi, les compétences et la formation.
L’IA et l’emploi est un sujet qui suscite autant de débats que de fantasmes. Entre annonces hypothétiques de suppression de millions de postes et visions d’une révolution totale des métiers, il est difficile de distinguer le vrai du faux. Dans un épisode du podcast Perspectives IA produit par le MEDEF, Antoine Amiel, CEO de Learn Assembly, a abordé ce sujet complexe. Il a notamment mis en lumière des réalités dont on parle peu. Comment l’IA générative redéfinit-elle les compétences et les métiers ? A quel point peut-elle vraiment transformer le monde du travail ? Découvrez son analyse dans cet article et écoutez le podcast complet ici.
Si les grandes entreprises se sont emparées du sujet de l’IA et surtout de l’IA générative, elles l’abordent principalement sous le prisme de l’outil. Formation à Copilot, acculturation au fonctionnement des différentes technologies… “Nous sommes plus sur de l’appropriation d’outils que sur une acculturation plus globale, une anticipation sur l’impact des métiers”, précise Antoine. Côté PME & TPE, l’usage de l’IA générative est encore très faible. Selon une récente étude de Bpifrance (janvier 2025), 31 % des dirigeants de TPE et PME ont recours à des IA génératives, dont 8% de façon régulière.1 Face à cette réalité, un risque d’économie à deux vitesses se dessine.
“30% des métiers et 25% des compétences vont disparaître à cause de l’IA”. Ce genre de déclaration fait souvent l’objet de prophéties, mais elles sont rarement fondées sur des faits concrets. Comme le souligne Antoine, tout dépend de la vitesse d’appropriation et des investissements réels dans ces technologies. Faisons le parallèle avec la transition écologique. “Les rapports des dernières années ont prédit la création de millions de nouveaux emplois, comme ceux de maraîchers ou d’installateurs de panneaux photovoltaïques. Mais en réalité, ces prévisions n’ont pas été réalisées pas parce qu’on parle au conditionnel. On fait l’hypothèse que des investissements vont avoir lieu mais ils n’arrivent pas forcément”, souligne Antoine.
Le véritable enjeu de l’IA générative n’est pas tant la disparition de postes, mais l’automatisation des tâches. Cette transformation, qui a débuté il y a des décennies dans l’industrie, touche aujourd’hui de plus en plus les métiers de service et de “cols blancs”. L’automatisation s’applique ainsi à des tâches répétitives dans des secteurs variés, notamment les secteurs financier et bancaire, où une part importante des tâches devient automatisable. Mais ce n’est pas pour autant qu’un poste disparaît. Le vrai calcul est de savoir si le gain de l’automatisation, qui reste relativement faible, justifie l’investissement en infrastructure, en formation et en coûts énergétiques liés à l’usage des IA.
En réalité, l’automatisation des tâches ne va pas transformer tous les métiers, elle va plutôt redéfinir leur nature. Automatiser 15 à 50 % des tâches, oui. Supprimer des emplois entiers pour quelques gains de productivité ? Une logique court-termiste selon Antoine. Le vrai danger ? Un travail plus exigeant, plus dense, réservé à une minorité “augmentée”. Résultat : surcharge cognitive, perte d’attractivité, risques pour la santé mentale. Un scénario que beaucoup vivent déjà sans le dire.
Ainsi, comme pour l’automatisation dans l’industrie, la question n’est pas de savoir si les emplois disparaissent, mais de comprendre comment les tâches sont redéfinies et quels nouveaux rôles émergent.
L’éducation et la formation en matière d’IA vont devenir des enjeux majeurs. Face à l’incertitude sur l’avenir des métiers et leur évolution ou la vitesse des changements, il est essentiel de se préparer à ces transformations.
Cependant, un piège majeur se dessine : celui de confondre l’usage de l’IA avec la compétence. De plus en plus de personnes utilisent des outils comme ChatGPT au quotidien, pensant être compétents en IA générative. Or, l’usage ne fait pas la compétence. Quelqu’un qui conduit tous les jours par exemple n’est pas nécessairement un bon conducteur. L’expérience de l’outil donne une illusion de maîtrise, mais ne garantit en rien l’acquisition des compétences nécessaires.
L’éducation face à l’IA ne se limite pas à un apprentissage technique, mais implique également une réflexion profonde sur la souveraineté numérique. Veut-on être un simple consommateur de technologies développées ailleurs, ou bien devenir acteurs de notre propre avenir numérique, en maîtrisant les outils et les flux de données ? C’est un enjeu crucial pour l’avenir de la France.
En parallèle, une autre compétence fondamentale à développer est l’esprit critique. L’IA, notamment les IA génératives, rend plus facile que jamais la production de fake news. Apprendre à détecter les falsifications et vérifier les informations devient indispensable pour tous les utilisateurs. L’exemple de vidéos deepfake utilisées pour tromper des responsables politiques en est une illustration frappante. Il est donc nécessaire d’inculquer la capacité de discerner la réalité du faux, d’analyser les sources et d’utiliser l’IA dans une optique éthique et raisonnée.
À l’heure où intelligence artificielle et emploi s’invitent dans toutes les discussions stratégiques, restons lucides : les outils évoluent plus vite que les organisations. Le vrai levier ? Une montée en compétences intelligente, ancrée dans le réel et surtout humaine. L’IA est un moyen, pas une finalité.
Vous souhaitez en savoir plus sur la façon dont Learn Assembly peut accompagner vos équipes dans leur acculturation à l’IA générative ? Rendez-vous sur notre site web et découvrez nos témoignages clients, en particulier ceux de Veolia et Samsa.
1 80ème enquête de conjoncture TPE-PME janvier 2025, le Lab de Bpifrance
Learn Assembly est un cabinet de conseil hybride créé en 2013 qui accompagne la transformation de tous les acteurs de la formation et de l’emploi. Notre mission est de les aider à jouer un rôle stratégique dans leurs organisations pour répondre au défi des compétences, tout particulièrement dans un contexte de transition écologique et de transformation technologique. Nous accompagnons les directions générales et L&D de grands groupes, les acteurs publics et les établissements d’enseignement supérieur dans leurs évolutions stratégiques, digitales et pédagogiques.