Écoconception, recyclage, réparation : des métiers sous tension

Écoconception, recyclage, réparation : des métiers sous tension

Comment mettre en pratique l’économie durable ? Comment aller vers un numérique plus responsable ? Retour sur les freins au développement des métiers de la durabilité (réparation, écoconception, recyclage), et les solutions pour y faire face.

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Lutter contre l’obsolescence logicielle, fabriquer et consommer de façon écologique, protéger l’environnement… Le concept de l’économie durable a envahi nos quotidiens. Mais la mise en pratique est plus compliquée. Comment développer les compétences nécessaires pour développer des habitudes de consommation durable, dans un système économique fondé sur la consommation et l’obsolescence programmée ? Comment aller vers un numérique plus responsable si personne ne peut réparer nos appareils informatiques ? Dans cet article, nous revenons sur les freins au développement des métiers de l’écoconception, du recyclage ou encore de la réparation. Mais nous analysons aussi les solutions qui existent pour y faire face. 

La durabilité, un acte économique, politique et social 

La durabilité est devenue une véritable lutte à la fois au niveau politique, social et économique. Nous pouvons notamment le constater avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de février 2020. En plus de promouvoir le recyclage, elle crée un “indice de réparabilité” qui doit être accolé aux produits depuis le 1er janvier 2021. L’objectif du gouvernement est d’atteindre 60% de taux de réparation des produits électriques et électroniques d’ici 2026. 

Cette volonté de l’État s’appuie sur celle des citoyens, pour qui la durabilité fait partie du Top 3 des critères d’achat, devant le prix. C’est ce que nous indique Régis Koenig, directeur de la politique Services du groupe FNAC Darty, dans un article des Echos

Par ailleurs, de nombreuses start-ups de l’économie durable et circulaire émergent, telles que :

  • Murfy, une jeune PME française, spécialisée dans la réparation des appareils électroménagers. Son objectif : prolonger leur durée de vie et réduire nos déchets.
  • Back Market, le (super) marché du reconditionné. Il donne une seconde vie à nos téléphones en les réparant avant de les remballer et de les expédier vers un nouveau foyer.
  • rzilient, qui équipe les entreprises en IT éco-responsable, 100% reconditionné. Il propose des solutions clés-en-main pour une gestion de flotte simple et durable. 
  • Fairphone, une entreprise néerlandaise qui produit et vend des smartphones éco-responsables.  

Mais afin de consommer de façon durable, encore faut-il pouvoir concevoir de manière écologique.

La montée en puissance de l’écoconception

Le processus d’écoconception consiste à « intégrer tous les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service au moment de sa conception, pour les minimiser », explique Caroline Vateau, directrice du département numérique responsable chez APL, expert en data centers. Il répond à un enjeu de taille : le coût extrêmement élevé de production, en ressources comme en énergie, des ordinateurs, téléphones et autres écrans. 

C’est dans ce contexte que naît Fairphone. L’entreprise conçoit et produit des smartphones en intégrant des contraintes environnementales et de commerce équitable tout au long de la chaîne de production. « Fairphone est parvenu à écoconcevoir le produit phare de l’époque », énonce Gauthier Roussilhe, designer de services numériques. En plus d’être les seuls à avoir réussi à certifier un or dont l’extraction n’est pas liée à un conflit, ils ont conçu un téléphone de façon entièrement modulaire. Ses pièces sont remplaçables et réparables indépendamment les unes des autres. Enfin, l’entreprise certifie ses smartphones pour les versions à venir du système d’exploitation Android. Du jamais vu pour lutter contre l’obsolescence logicielle et une garantie pour la longévité des appareils.

Le Fairphone, un smartphone modulaire et réparable

Néanmoins, cette démarche est difficilement scalable. « Fairphone a su créer son marché. Mais si tous les fabricants de téléphone se mettaient au durable, le chiffre d’affaires serait divisé par dix en quelques années », pointe Philippe Bihouix, ingénieur et auteur de L’Âge des Low Tech. Et Xavier Verne, du Shift Project, de compléter : « d’un point de vue technique, rien n’empêche les autres acteurs du secteur de faire exactement pareil. Sauf la culture bien ancrée de la maximisation des profits, qui passe par le renouvellement rapide des téléphones ». En somme, l’écoconception est confrontée à notre modèle économique, fondé sur la consommation et l’obsolescence programmée.

Un besoin urgent et croissant de formation aux métiers liés à la durabilité

Cependant, le marché durable ne se heurte pas uniquement à notre modèle économique. Un autre frein majeur est le manque de formation pour les métiers liés à la durabilité, notamment à la réparation. 

Rien de mieux qu’un exemple concret pour illustrer l’urgence. Fin 2020, le groupe FNAC Darty a annoncé qu’il recruterait 500 techniciens réparateurs afin de renforcer ses nouveaux services dédiés à l’allongement de la vie des produits. « Beaucoup de formations ayant fermé, les réparateurs se font rares sur le marché de l’emploi. C’est pourquoi nous recherchons des profils techniques, spécialistes de l’électronique ou de l’électrotechnique, voire d’anciens indépendants, que nous formerons en interne », explique Régis Koenig, directeur de la politique Services du groupe FNAC Darty.

Une décision que nous comprenons d’autant plus si l’on reprend les chiffres de Murfy. En effet, selon la start-up, réparer les deux tiers des appareils ménagers tombant en panne chaque année, soit 28 millions, nécessitera la formation de 15 000 personnes. 

Mais ce besoin en formation n’a pas été anticipé. La formation des techniciens qui s’effectuait en 4 ans (2 ans de BEP puis 2 ans de bac professionnel) a été alignée sur les bacs généraux en 3 ans. Ce qui a affaibli le niveau, d’autant que les enseignements centrés sur la réparation de l’électroménager ont été étendus à la téléphonie, l’audiovisuel ou à la domotique. « Le problème de formation est d’autant plus prégnant que les besoins vont croissant, notamment parce que les constructeurs développent la maintenance préventive », souligne Jean Pierre Gaubert, directeur général du réseau de CFA Ducretet.

Quelles solutions les entreprises mettent-elles en place ? 

Outre ce manque d’anticipation, « le numérique responsable est à peine en train d’émerger. Il est en voie de développement », souligne Alexis Valero, co-fondateur et CEO de rzilient. Par exemple, pouvoir opérer des services de reconditionnement nécessite des compétences particulières, que peu de personnes ont développées aujourd’hui. Les partenaires avec lesquels travaillent rzilient se forment notamment au travers de labels existants, de vidéos en ligne… Ils trouvent des informations via des travaux publiquement partagés, comme ceux du Shift Project et de l’ADEME

D’autre part, ils peuvent accéder à des solutions inclusives et pratiques en travaillant avec des entreprises comme rzilient. C’est aussi ce genre d’initiatives qui permet d’impulser ces secteurs émergents. « Nous nous sommes rendu compte que l’informatique était un levier à la fois très puissant pour réduire l’empreinte carbone des entreprises, et surtout pragmatique pour des sociétés qui souhaitent se simplifier la vie et être efficaces au niveau IT, tout en limitant leur impact écologique. On a donc lancé notre offre de matériel reconditionné. Nous nous positionnons aujourd’hui comme le partenaire informatique unique des sociétés en croissance, qui ont besoin de matériel mais aussi de support pour suivre leur flotte et permettre à leurs collaborateurs de rester opérationnels, dans les meilleures conditions, le plus longtemps possible ».

Par ailleurs, d’autres acteurs comme Murfy font avancer la montée en compétence concernant la réparation des appareils électroménagers. En effet, la jeune pousse forme et recrute des techniciens électroménagers partout en France. Ils ont décidé de recruter en interne des professionnels de la réparation pour répondre aux demandes de leurs clients. De plus, ils valorisent leur travail en leur offrant un CDI et un bonus pour les réparations bouclées au 1er rendez-vous. 

Le mot de la fin

De nombreuses initiatives existent donc pour pallier le manque de formation des métiers de l’économie circulaire et participer à la transformation de notre économie vers un monde plus durable. Vous en découvrirez certaines dans cet annuaire des start-ups de recyclage de la FrenchTech. Et aussi, pour réduire votre empreinte carbone liée au numérique, vous pouvez consulter ce guide pratique de 20 éco-gestes à adopter pour un numérique responsable


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